vendredi 25 février 2011

La révolution n'est pas notre objectif

La révolution n'est pas notre objectif, c'est un moyen pour atteindre un jour meilleur. il faut des efforts et des sacrifices et un travail colossaux afin de construire un état démocratique, de droit, ouvert et tolérant et ainsi concrétiser la révolution populaire.

L'heure est grave en Tunisie et autour de nous. Notre pays est au bord du gouffre si la situation actuelle perdure sans la stabilité politique requise pour une transition pacifique vers une démocratie réelle. La Tunisie, surtout en ce moment très critique, fait face à plusieurs défis tels que la sécurisation de la révolution populaire pour la dignité et la liberté, l'établissement de l'ordre, le développement social et économique… Certains à l'intérieur comme à l'extérieur espèrent et souhaitent l'échec de la révolution tunisienne, en plus d'une frange de criminels qui cherchent à semer le trouble entre les Tunisiens par des actions destructrices de biens publics.

Pour relever tous ces défis, les Tunisiens ont besoin de sécurité, d'ordre et de sérénité quant au devenir de leur révolution. Cette sérénité leur permettra de retrouver le chemin de l'école, de l'université, de l'usine, et de tous les postes de production. Malgré les demandes sociales légitimes qui sont exprimées ici et là, la sérénité permettra à la raison de triompher: Les Tunisiens mettront leurs difficultés entre parenthèses en attendant l'avènement de la démocratie réelle qui ne doit pas tarder.

Tous ces défis énormes mais possibles peuvent être résumés comme suit: le rétablissement du pays sur la bonne voix après plus de trois décennies de la politique du vide et d'une destruction organisée sur tous les plans, social, culturel, économique et politique. Ce défi exige beaucoup de sacrifices et peut être plus d'une génération de dur labeur et de travail acharné et continu afin de pouvoir commencer à construire un développement durable pour les générations à venir.

Dans ce qui suit, une proposition de sortie de crise en deux temps: former un gouvernement d'unité nationale; et créer un conseil constitutif. Si la crise de confiance actuelle perdure, il faudrait que l'armée prenne ses responsibilités et intervienne en formant un college de présidence (conseil supérieur de la République) - formé de trois militaires (les chefs des 3 armées) et de trois civils (futur 1er ministre et futur président de l'asemblée, et une troisième personne indépendante).

Pour ce faire, il faut commencer par le commencement: Instaurer la légitimité populaire. Cela suppose la constitution d'un gouvernement d'unité nationale composé de compétences politiques et anciens militants contre la dictature (Ministres) et de technocrates (Secrétaires d'Etat), ainsi que la mise en place d'un conseil constitutif.

Un gouvernement pour préparer un environnement propice au développement du pays (pas seulement gérer les affaires courantes) ainsi que les différentes élections pendant la période de transition. Tous les membres du gouvernement s'engagent à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Le gouvernement sera présidé par un Premier Ministre, personnalité indépendante qui n'a pas été impliquée de près ou de loin dans le système dictatorial et qui peut jouir d'une reconnaissance assez large de la part de la population et de la vraie opposition au régime précédent (voir ci-dessous la composition).

Créer une assemblée constituante qui jouera le rôle d'un parlement ayant un pouvoir législatif. Elle rédigera une nouvelle constitution (voir une proposition http://3rep-tn.blogspot.com/2006/12/projet-de-la-nouvelle-constitution.html) dans 4 a 6 mois à soumettre à un référendum populaire après un vote majoritaire au sein du conseil constitutif. Une assemblée constituante représentant toutes les compétences (politiques, syndicats, organisations non gouvernementales…), toutes les régions, tous les corps de métiers... Un tiers, élu par la population (3 ou 4 membres par gouvernorat), un autre tiers (ou un peu plus) élu par représentants les différents corps de métiers dont les principaux syndicats (Avocats, Juges, Presse, Education, Enseignement supérieur, Transport, Agriculture, …) et organisations militantes non gouvernementales (LTDH, Femmes démocrates, CNLT…) et un dernier tiers, nommées par le gouvernement (compétences et personnalités indépendantes, tels que hommes/femmes politiques, universitaires, juristes, hommes/femmes d'affaires…). Un total autour de 200 personnes afin que le débat puisse se dérouler dans une ambiance apaisée et consensuelle.

Le gouvernement d'unité nationale et l'assemblée constituante devront organiser une élection présidentielle dans les 6 mois suivant leur formation, et des élections législatives au plus tard 6 mois après. Au total, la période de transition ne devra pas durer plus de 12 mois.

Toutes les commissions doivent être pilotées par le conseil constitutif et les ministères compétents, tels que:

1. Commission des réformes politiques - en relation avec l'assemblée constituante pour la rédaction de la nouvelle constitution
2. Commission d'enquête sur la corruption, les dépassements politiques et économiques durant les 23 ans du régime Ben Ali - déterminer les responsabilités de chacun
3. Commission d'enquête sur la gestion sécuritaire pendant la révolution populaire ainsi que la torture pendant les 20 ans de répresssion

D'autres conseils indépendants de régulation seront créées, par exemple:

1. Conseil Supérieur de la Justice
2. La Cour des Comptes
3. Le Conseil National de la Sécurité
4. Conseil National de la Presse et de l'Audio-visuel
5. Autorité de Régulation des Communications Electroniques

Les chantiers et priorités pendant la période de transition:

1. Rétablir et maintenir l'ordre et la sécurité des personnes et des biens - mettre la main sur les criminels et mafieux, restes de la mafia présidentielle
2. Mettre en place un programme de formation (les principes d'une république, le respect de l'état de droit, le respect des droits de l'homme, la citoyenneté...) pour les agents de l'ordre et de sécurité
3. Nationaliser et administrer les biens et actifs des familles mafieuses
4. Mettre en place un programme de développement économique pour les régions sinistrées (par exemple, projets d'infrastructure en BOT)
5. Réformer la fonction publique: implémenter les instances nécessaires pour établir et renforcer son indépendance
6. Réformer la justice: implémenter les instances nécessaires pour établir et renforcer son indépendance; commencer les enquêtes judiciaires sur les affaires de corruption et de torture les plus évidentes
7. Réformer le secteur de la communication (la presse, l'audiovisuel, les communications électroniques): implémenter les instances nécessaires pour établir et renforcer son indépendance
8. Réformer l'économie et plus particulièrement réfléchir et mettre en place des outils pour créer des emplois dans le secteur prive et concurrentiel - défaire les mécanismes de corruption et de passe-droits
9. Mettre en place un programme de formation professionnelle pour les chômeurs selon les besoins du pays pour combler les emplois non occupes pour manque de compétences
10. Réfléchir à réformer le secteur de la culture et de l'éducation et de l'enseignement supérieur
11. Réfléchir et développer une stratégie pour développer l'économie basée sur les connaissances et les sciences (knowledge-based economy): mettre en place un conseil interministériel avec la participation de compétences reconnues pour développer cette stratégie. C'est par ce type d'économie que la Tunisie sortira de la crise économique et financière dans le moyen et long terme.

Proposition pour la composition du gouvernement d'unité nationale:

1. Premier Ministère
2. Ministère de l'Intérieur
a. Secrétaire d'Etat (SE) à la sécurité
3. Ministère de la Défense
4. Ministère des Affaires Extérieures (plus 1 ou 2 SE)
5. Ministère du Développement des Ressources Humaines
a. SE l'Education
b. SE Enseignement Supérieur
c. SE Formation professionnelle
d. SE Recherche Scientifique, Innovation et Technologies
e. SE Culture
6. Ministère de l'Economie et des Finances
a. SE Economie et Planning
b. SE Finance
c. SE Commerce
d. SE Tourisme
e. SE Fonction Publique et Reforme de l'Etat
f. SE Emploi et Travail
7. Ministère du Développement Durable
a. SE Industrie et Technologies
b. SE Transport et Equipement
c. SE Agriculture et Pêche
d. SE Environnement et Ecologie
8. Ministère des Affaires Sociales
a. SE Affaires Sociales
b. SE Santé Publique
c. SE Famille et Enfance
d. SE Jeunesse et Sports